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Lenaig Steffens

Les grands-parents peuvent ils éduquer nos enfants ?

Il est vrai que cette question est récurrente chez beaucoup de parents qui viennent questionner une norme « est-ce que les grands-parents ont le droit d’éduquer nos enfants ? » ou « est ce qu’il est normal qu’ils prennent cette posture ? ».


Cela dépend bien évidemment de la fréquence de leur visite, de votre relation, mais aussi de votre histoire et de la leur. Certains parents préfèrent à tout prix garder les grands-parents dans leur posture de « loisir » pour « profiter », alors que d’autres acceptent volontiers leurs conseils voire leur prise de position éducative.

La question est surtout celle de trouver le juste milieu entre le fait de leur laisser une place dans la vie de nos enfants, mais qu’ils ne prennent pas, en matière d’éducation, toute la place !


Certains grands-parents, très respectueux de la parole sacrée des parents n’osent rien dire et jamais ne se positionneront contre les parents, d’autres, ayant soucis de bien faire et pensant faire le bien pour leurs petits enfants interviennent, parfois de manière très ajustée, parfois un peu trop insistants.

Voici quelques éléments qui peuvent vous aider à y voir un peu plus clair et à tempérer les choses.


Participer oui !


Si vous avez confiance en eux, si le bon sens semble être ancré en eux, s’ils ne sont pas toxiques, et s’ils ne présentent pas de danger dans ce qu’ils pourraient transmettre à vos enfants, ils peuvent bien sur participer à leur éducation. L’éducation de vos enfants consiste certes dans le fait de donner des règles et de les faire respecter, mais c’est aussi l’école de la vie. Les grands-parents, par leur histoire, leur expérience et leurs centres d’intérêts peut-être différents des vôtres, ont beaucoup à apporter à vos enfants. Quelle richesse d’avoir une grand-mère qui a un poulailler et qui connait les poules mieux que personne, qu’elle chance d’avoir un grand-père bricoleur avec qui on peut réparer le vélo, le tracteur et la trottinette, et quelle joie pour vous parents de voir vos enfants dévorer des yeux vos propres parents qui vous ont eux-mêmes appris tant de choses ! Ainsi, vos enfants grâce à cette transmission participent un peu à vos souvenirs qui vous marquent tant.


Si les relations entre vous et vos parents ou vos beaux-parents sont compliquées, abîmées, il est toujours difficile de faire la part des choses entre leur posture de grands-parents et vos différends relationnels. A nouveau, s’ils semblent être de bons grands parents, même s’il n’y a pas de « mode d’emploi de bons grands parents», nous savons tout de même qu’il y a de bonnes choses à transmettre (les aimer, leur parler, leur présenter le monde de façon cohérente, les nourrir de façon saine pour leur santé, respecter leurs rythmes de sommeil), et d’autres à vraiment éviter (la violence, le laxisme, la menace …), et que vos difficultés rendent tout de même acceptable leur visite, il peut être bien de leur faire confiance et de leur laisser (un peu, quand même), de marge de manœuvre.


Remplacer non !


Tout est une question de posture. Il est essentiel que dans la tête de vos parents et de vos beaux-parents, vous ayez ce rôle d’éducateur et de parent, et qu’ils vous laissent prendre toute cette place. Beaucoup de parents, de mère particulièrement, peuvent être blessés par des grands-parents trop intrusifs qui peuvent, par leurs comportements bienveillants à l’origine, n’en doutez pas, vous décrédibiliser voire vous faire perdre confiance. Il est essentiel dans la tête de votre enfant que vous soyez ses parents protecteurs, figure d’attachement et garants de sa pulsionnalité. C’est-à-dire que les grands-parents doivent permettre aux enfants de découvrir un autre monde, d’autres horizons avec tout le soin et l’amour que permet le lien filial mais que si cela met à mal vos « principes éducatifs » et votre posture parentale, cela n’a pas d’intérêt et ne fera pas le bien de vos enfants. Cela demande évidemment de la souplesse et du recul. Si après un séjour chez vos parents, vous retrouvez systématiquement vos enfants mal habillés ou avec de nouveaux jouets que vous n’aurez vous-même jamais acheté, même si cela peut avoir l’immense don de nous agacer, vous pouvez essayer de prendre un peu de recul pour reconnaitre le caractère secondaire de ces considérations. En revanche, si lorsque vos enfants reviennent de ce même séjour avec comme habitude de diner devant la télévision, de jouer sur la tablette des heures durant, s’ils réclament des sucreries « comme chez Mamie » ou s’ils évoquent avec vous des sujets que vous pensez inadaptés à leur âge, il en va de votre responsabilité parentale d’en parler à vos parents ou vos beaux-parents. L’enfance et l’éducation sont des moments sacrés que nul ne peut blesser au risque d’en payer le prix sur le développement psychique et affectif des enfants.

De la même manière, et c’est le plus courant, les enfants sont souvent retrouvés après un séjour chez les grands parents « déréglés », insupportables, ne respectant plus aucune règle etc. Nous voyons là les effets des règles et des limites indispensables à une vie harmonieuse et sociale. Durant ce séjour, les limites ont pu s’assouplir, ce n’est pas dramatique, tant que vous gardez ce rôle de parent, de cadre, de tuteur fondamental pour votre enfant. Nous pouvons tout de même faire la différence entre dire « les enfants ce soir on a le droit de diner devant la télé tous ensemble ça va être génial ! » ou « ce soir on lit 3 histoires » et laisser s’exciter des heures durant sans leur mettre aucune limite, jamais.


Quand il faut soigner : mobilisation générale !


Il existe aujourd’hui deux principales difficultés qui peuvent habiter nos enfants. Certains enfants rencontrent, en lien avec une conjoncture familiale compliquée, un vécu affectif lourd ou des angoisses de perte importantes, des symptômes dits « dépressifs » c’est-à-dire de la tristesse, des difficultés à dormir, des maux de ventre, de tête etc. Ces symptômes-là s’envolent aussitôt que nous faisons en sorte d’apaiser les sources de ces difficultés (mieux expliquer une séparation, passer plus de temps avec l’enfant…) et que nous mobilisons toutes les personnes autour de l’enfant pour aller mieux. Et c’est à ce moment-là que les grands-parents ont particulièrement un rôle à jouer ! Un enfant qui semble triste et a besoin de présence et de lunettes hyper positives sur la vie doit pouvoir compter sur un maximum d’acteur autour de lui, et si ceux-là sont aimants et attentionnés, c’est encore mieux, voilà pourquoi les grands-parents sont à ce moment-là de bons appuis.

Je rencontre aussi, très souvent, des enfants présentant des difficultés relationnelles, des troubles du comportements plus ou moins marqués avec l’expression de crises, de mots déplacés envers leurs parents, de refus d’obéïr etc. Pour cela, ce n’est souvent pas la sécurité affective qui manque mais c’est plutôt un appel de limite que l’enfant formule, et là, il faut être au rendez-vous. Expliquer, réguler les débordements, limiter tout en évitant de s’énerver et en proscrivant évidemment la violence … Quelle aventure ! Beaucoup de parents me demandent alors « il va en vacances chez ses grands-parents la semaine prochaine, est ce qu’on peut leur donner vos conseils ? » et ma réponse est évidemment oui ! Dans un contexte de crise qui entraine une période de « cure », parents, grands-parents (et globalement tous les acteurs de la vie de l’enfant) doivent se mobiliser à nouveau. Les grands parents sont souvent très contents d’avoir une mission bien précise à remplir et de se sentir mobilisés en ces temps conflictuels. Il est alors essentiel d’offrir à votre enfant une continuité pédagogique (ex : « chez papa et maman tu n’as pas le droit de taper ton frère, ici c’est exactement pareil » ou « Papa et Maman m’ont demandé à veiller à ce que tu ne regardes pas plus d’un dessin animé par jour donc je vais respecter les règles de tes parents parce que je sais que c’est pour ton bien »).


Les règles d’Or d’une juste relation coéducative entre parents et grands parents

  • Les grands-parents évitent au maximum de critiquer les parents, encore moins devant leurs petits-enfants : la négativité de la critique non constructive risque d’abîmer toutes les relations


  • Dans l’idéal, les grands-parents s’inscrivent dans la lignée éducative des parents : les enfants ont besoin de cohérence et s’ils ressentent cette matrice éducative collective et unie, ils s’y sentiront à l’aise et s’y développeront harmonieusement.

  • Parents, laissez une place privilégiée aux grands-parents (« ça tu pourras le faire avec Mamie ça va être génial » ou « Grand-père t’expliquera tout ça»)

  • Parents, essayez d’accepter tout de même les « variations éducatives » entre vous et leurs grands-parents (plus grande tolérance, heure de coucher etc. car pour vivre des choses différentes et garder des souvenirs inédits, cela peut impliquer des variations organisationnelles qui ne risquent pas de déstabiliser vos enfants pour autant.

  • Ne pas prendre en compte les remarques toutes faites sur l’éducation des enfants actuels toujours très différente de leur génération, puisque chaque génération dit cela au sujet de la nouvelle !

Article publié sur le site de MamanVogue : http://www.mamanvogue.fr/est-ce-que-les-grands-parents-peuvent-eduquer-nos-enfants/

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