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Lenaig Steffens

Chronique. Le pire, c’est quand il n’y a plus rien à déclarer

Je reçois cette toute petite fiole de parfum. « La déclaration », de Cartier. L’odeur douce et ferme de cette fragrance qui embaume mes cheveux ainsi que ce nom affirmé et allongé me restent en tête. Je n’y avais jamais vraiment fait attention, et ce mot toujours passé inaperçu dans mon vocabulaire ne cesse depuis hier de résonner.

La déclaration. J’imagine le Nez, créateur de ce parfum, pensant à sa dulcinée, celle qu’il s’apprête à aller retrouver pour lui déclarer, enfin, sa flamme, avec cette senteur, indélébile.

Spontanément, la déclaration ne peut être que d’amour. J’avais l’air de surtout l’aimer pour sa déclaration d’amour, ce mot. Mais depuis qu’il me colle à la peau, j’ai tout le loisir de le réfléchir, de l’imaginer.

On fait une déclaration d’amour, on déclare sa flamme, effectivement. Mais, malheur, on déclare aussi la guerre, on déclare même l’ouverture des hostilités. On déclare forfait ou on déclare l’armistice. On peut même déclarer d’état d’urgence, déclarer ses revenus. Quoiqu’il en soit, on déclare toujours la vérité. Déclarer c’est dire la vérité, donc, c’est se dire aussi.


Tant que les choses sont déclarées, tout va bien. Le pire ne reste-t-il pas quand rien n’est à déclarer ? Quand tout est lisse, quand les mots d’amour sont trop forts pour exprimer une vie sentimentale peut-être tiédie ou quand la colère ne mérite pas d’être exprimée (à quoi bon, quand tout est perdu).

Alors je crois que ce mot je l’aime pour ce qu’il déclare, pour tout ce qu’il dit. Pour son geste. Dire les choses quand elles sont dures, dire aussi quand elles sont belles, c’est toujours déclarer, un peu, la vérité.


Je n’ai pourtant jamais trop prêté attention aux noms des parfums mais là, c’est différent. Je veux porter La Déclaration, je veux annoncer le thème au monde. Je vais peut-être l’acheter, finalement. En plus il ira si bien avec mon parfum préféré ; la Dolce Vita.


Merci Louis-François (Cartier), merci Christian (Dior).

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